Selon un sondage publié par l’institut indépendant Odoxa Backbone pour Le Figaro, si la campagne présidentielle ne se montre pas davantage mobilisatrice, le taux d’abstention sera « historique » lors du premier tour des présidentielles 2022. Quelles sont les raisons de l’abstention ? Y a-t-il un profil abstentionniste ?
Selon un sondage publié par l’institut indépendant Odoxa Backbone pour Le Figaro, si la campagne présidentielle ne se montre pas davantage mobilisatrice, le taux d’abstention sera « historique » lors du premier tour des présidentielles 2022. Quelles sont les raisons de l’abstention ? Y a-t-il un profil abstentionniste ?
¹OpinionWay pour SciencesPo Janvier 2019 – ²Ministère de l’intérieur, juin 2017 – ³Institut BVA, 2016, 18 – 24 ans – ⁴Observatoire des inégalités, novembre 2018
Contre l’abstention « subie » comme la mal-inscription, il est crucial de penser à des solutions facilitatrices du vote. Plusieurs voix s’élèvent désormais en faveur de l’inscription automatique du citoyen lors d’un déménagement (solution aussi proposée dans le rapport de l’Assemblée Nationale).
De manière plus générale, il en ressort trois grands axes de réflexion : lever les obstacles à l’expression du suffrage, repenser la démocratie représentative et encourager la mobilisation éclairée des électeurs.
Ils votent de temps en temps selon les élections, on ne connait pas si bien les déterminants de leur mobilisation ou non.
On observe que l’abstention est plus forte chez les jeunes, quelle que soit l’élection en jeu. Les élections présidentielles de 2017 enregistrent un taux d’abstention de presque 30% pour les moins de 35 ans (29% chez les 18-24 ans, 28% des 25-34 ans) contre 12% chez les 70 ans et plus.
Pour les régionales, les chiffres explosent : 87% des 18-25 ans n’ont pas voté au premier tour.
Le taux d’abstention est moins fort dans les catégories d’âges au-dessus de 35 ans. En tout, 79% des moins de 35 ans ne se sont pas rendus aux urnes pour les élections régionales contre 42% d’abstentionnistes chez les 70 ans et plus.
Céline Braconnier, Baptiste Coulmont, Jean-Yves Dormagen, « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale. Chute de la participation et augmentation des inégalités électorales au printemps 2017 », Revue française de science politique, 2017/6, Vol. 67, pages 1023 à 1040.
Les raisons de la démobilisation électorale chez les jeunes sont diverses :
Il y a aussi un manque d’information concernant les compétences de la région et du département, et ainsi des enjeux de ces élections.
L’abstention touche toutes les catégories sociales, et catégories d’âges qui composent le corps électoral, mais présente tout de même des facteurs démographiques et sociaux déterminants.
Lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017, le taux d’abstention est de à 11,4 % chez les titulaires d’un diplôme de Bac +5, et de 37,6 % pour ceux qui n’ont aucun diplôme.
L’abstention des ouvriers au premier tour est de 24,6 %, tandis que celle des cadres et professions intellectuelles supérieures atteint 11,6 %.
D’abstention au 1er tour des élections présidentielles de 2017 chez les électeurs dont le niveau de revenu du foyer est inférieur à 1250€ par mois.
D’abstention au 1er tour des élections présidentielles de 2017 chez chez les électeurs dont le niveau de revenu du foyer est égal ou supérieur à 3000€ par mois.
Le terme nous vient de Céline Braconnier, directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et spécialiste des questions de la participation électorale. En France, après un déménagement par exemple, le changement de bureau de vote n’est pas automatique. L’inscription repose sur une démarche volontaire, et présente une inadaptation par rapport au mode de vie de certaines catégories de populations (étudiants déménageurs, populations actives très mobiles etc).
Le rapport publié par l’Assemblée Nationale précise que la majorité des mal-inscrits sont les jeunes.
M. Jean-Yves Dormagen, professeur de science politique à l’université de Montpellier a mené une expérience de facilitation de vote avant les élections de 2012. En proposant, via du porte-à-porte, de s’occuper des démarches administratives pour l’inscription sur les listes électorales, 93% des personnes inscrites par ce biais avaient voté au moins une fois lors de ces élections.[2]
[2] Céline Braconnier, Jean‑Yves Dormagen et Vincent Pons, « Voter Registration Costs and Disenfranchisement: Experimental Evidence from France », American Political Science Review, Cambridge University Press, vol. 111, n° 3, 2017, pp. 584-604.
OpinionWay pour SciencesPo Janvier 2019 Ministère de l’intérieur, juin 2017
Institut BVA, 2016, 18 – 24 ans
Observatoire des inégalités, novembre 2018
Céline Braconnier, Baptiste Coulmont, Jean-Yves Dormagen, « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale. Chute de la participation et augmentation des inégalités électorales au printemps 2017 », Revue française de science politique, 2017/6
Céline Braconnier, Jean‑Yves Dormagen et Vincent Pons, « Voter Registration Costs and Disenfranchisement: Experimental Evidence from France », American Political Science Review, Cambridge University Press, vol. 111, n° 3, 2017
Rapport d’information n°4790 de l’Assemblée Nationale visant à identifier les ressorts de l’abstention et les mesures
permettant de renforcer la participation électorale
Sondage Ipsos/steria sur la sociologie de l’électorat au 1er tour des présidentielles de 2017
Sondage Odoxa : « les jeunes et la politique » pour Franceinfo et Dentsu consulti